Dans le passé, toutes les villes et les villages importants avaient leur propre laiterie coopérative. La société coopérative des cultivateurs luxembourgeois créa à Virton une laiterie coopérative. On lui donna le nom de laiterie Saint-Joseph. D’abord faisant partie intégrante de l’école ménagère et agricole, elle grandit rapidement avec un complexe important. Dés les débuts de sa création, elle reçut de nombreuses distinctions dont une médaille d’or à Luxembourg et une autre à Arlon en 1904. Elle avait aussi participé à travers tout le pays à de nombreuses expositions et concours. Outre un beurre extra fin garanti pur à toute analyse, elle proposait aussi un beurre pour l’exportation. La Coopérative vendait également des matières alimentaires pour le bétail ainsi que des engrais car en ce temps-là, on ne jetait rien et tout était récupéré. Après la première guerre, la laiterie Saint-Joseph proposait à ses clients des denrées coloniales en plus de farines et de la boulangerie. Elle revendait même des machines agricoles.

Dans les années 40, on fit des deux entités : Société Coopérative … et Laiterie … un nom plus commercial, un nom de chaîne de distribution alimentaire, ça devenait la Socolait.
Parce que, si au départ comme toute laiterie, elle ne vendait que ce qu’elle produisait, maintenant elle était devenue importateur, grossiste et distributeur. Si le fondateur de la laiterie Saint-Joseph était le célèbre Chanoine Crousse, les directeurs de la Socolait n’en sont pas moins célèbres : Ernest Adam qui fût d’abord député, sénateur puis ministre ; Marcel Planchard échevin de Virton et père d’un ancien gouverneur et en dernier, Pierre Lemaire.

Au début des années 70, la Socolait pouvait encore s’enorgueillir de posséder 70 épiceries disséminées dans toutes les villes et petits villages gaumais et du sud Luxembourg. A Virton même, il y eut 4 magasins, je m’en rappelle bien. Deux dans le centre ville : celui de la rue Charles Magnette (près de l’Hôtel de Ville) et celui de la Grand’Rue près de l’ancienne Poste. Deux plus éloignés : celui de la rue Ribonnet pour les clients de l’Avenue et des environs puis en dernier, sur la place Baudouin pour les clients des nouveaux logements des Minières. Elle importait beaucoup de produits français : les vins et les fromages étaient devenus ses chevaux de bataille. Elle les faisait connaître dans une multitude de foires régionales.

La plupart des magasins de l’époque proposaient des timbres de ristourne (il y avait les timbres Moneta, les Valois…) avec lesquels il fallait remplir des carnets. Ceux-ci complétés donnaient droit à une réduction. Le distributeur virtonnais avait pour ses magasins d’alimentation générale ses propres timbres de ristourne « Socolait ».

Aujourd’hui à Virton c’est la concurrence entre un grand supermarché à 2 lettres et des hard-discount essentiellement allemands. Mais dans les années 70, un des principaux concurrents de la Socolait était aussi wallon, c’était l’Épécé (l’Économie populaire avec plus de 400 magasins en Wallonie). A Virton, en plus d’avoir un magasin de grandeur moyenne pour son épicerie, l’Épécé disposait aussi d’un magasin de vêtements et avait même sa propre pharmacie.
Comme le commerce a bien changé ainsi que toute la distribution !

Frédéric Renauld

Cartes postales :

Au départ, la laiterie coopérative a été créée dans les locaux de l’école ménagère et agricole . Elle deviendra bien vite autonome en ayant de nouveaux bâtiments pour l’abriter.
Ici (encadré et fléché en rouge) sa première cheminée vue depuis la Grand’Rue en 1900 ainsi qu’une des entrées
donnant accès aux bâtiments de la laiterie Saint-Joseph déjà construits à l’époque.

Sur la carte de droite, on voit que maintenant il est fait mention au niveau de la façade de l’école, du nom de la Laiterie Saint-Joseph. La Laiterie Saint-Joseph a peut être eu au début de ses activités, ses bureaux à l’étage du bâtiment de l’Ecole Ménagère et Agricole, rue des Combattants ? (actuel CPAS de Virton).

Un des entrepôts de la laiterie Saint-Joseph
vu depuis la rue de la Momette en 1909.

Seule une vue d’avion peut nous montrer l’importance et les dimensions des différents bâtiments de la Socolait (pourtour en blanc).
On dirait une ville dans la ville ! Les entrepôts ont été démolis pour faire place à des parking.

Anciennes publicités :

Enseigne Socolait que l’on retrouvait sur les différentes petites épiceries du distributeur (Photo d’Olivier Hussenet).

Dans le guide touristique du Syndicat d’Initiative La Gaume de 1965, dans le bas de sa publicité, la Socolait incite les touristes à venir se ravitailler dans ses magasins.

Même Torgny a son magasin Socolait (publicité parue dans Ardenne et Gaume concernant la réserve naturelle avec les autres commerces de Torgny).

Pour la publicité de gauche, on a droit à « tout un programme »
et
même à « un slogan » !

La publicité de droite rappelle les 70 points de vente dont les 4 adresses à Virton.

Voici un des derniers dépliants publicitaires des magasins Socolait.

Factures :

La facture du début est admirablement belle avec les représentations des médailles gagnées, les armoiries de la province avec les symboles de l’agriculture. Il y a aussi ces dessins représentant les aspects de l’élevage et de la culture. Cette image est la même que celle de la publicité de l’école ménagère et agricole. On voit que le cordon ombilical n’a pas encore été coupé, il le sera au niveau de l’en-tête de la prochaine facture.

Facture de la Socolait de 1944
avec son cachet annulant
les timbres fiscaux.

Autres documents :

La Socolait c’était d’abord le lait et le beurre…

Publicité en carte postale pour son beurre pasteurisé.

Document de gauche : encore du bon beurre virtonnais envoyé à La Louvière par la SNCB.

Le Nom Socolait restera dans l’Histoire. Pour ce magasin de Torgny, il est même gravé dans la Pierre !

…mais il y avait aussi toute une gamme
de produits alimentaires à leur propre nom
comme cette étiquette de vinaigre le prouve !

Dans les années 30, la Socolait étendit ses activités en devenant éleveur de porcs.

En dehors de la ville de Virton, juste en face du carrefour du Val d’Away – route d’Arlon, entre le garage Citroën et l’abattoir, la Socolait fit construire une immense porcherie avec à droite, la maison pour la famille du responsable de l’exploitation.

La laiterie a du petit lait en abondance et produit de la farine, c’est tout ce qu’il faut pour nourrir des porcs de manière naturelle et économique.
Ces bâtiments furent rasés au moment où fleurissaient sur Virton, de multiples projets de contournements routiers.

Cartes postales :

La Laiterie de Saint-Mard

L’établissement de cette laiterie centrale à vapeur a même valu qu’on donnât à cette rue, l’appellation d’«Avenue de la Laiterie» (actuellement rue Edouard André).

Sur une des premières cartes-vues colorisées, puisqu’il n’y a pas encore eu de construction pour les cacher, on voit distinctement le lavoir du bas de l’Avenue Bouvier ainsi que cette laiterie, propriété de l’Union laitière de Saint-Mard.