Cette brasserie avec ses écuries, annexes et la maison du propriétaire, je la nommerai du « Franklin »* (tout le monde connaît ce bâtiment sous ce nom) vu le nombre de propriétaires différents qui s’y sont succédés. Elle était située rue d’Arlon. Le bâtiment central deviendra le célèbre *cinéma Franklin dès 1929. Laissé à l’abandon puis après une rénovation totale, ce bâtiment renaît en restaurant et redevient une salle de spectacle.

Voici les noms des différents propriétaires avec les dates de début et de fin d’activité :

– Pierre Ferdinand Fayon de 1824 à 1867.

– Pierre Ferdinand Fayon junior de 1867 à 1870.

– Agathe Alexandrine Gentil, sa veuve de 1870 à 1881.

Bodson frères (Nicolas et Henri) de 1882 à 1898.

Société coopérative « Le Progrès » de 1898 à 1911(date de la liquidation) dirigée par les frères Collignon (Cyprien et Lucien).

En gras, ce sont les noms que l’on retrouvera sur les différentes factures.

En 1888, période durant laquelle les frères Bodson sont aux commandes, cette brasserie était classée 6ème en production sur les 18 brasseries existantes à l’époque dans le Sud-Luxembourg. Pourtant en 1911, avec la Société Coopérative « Le Progrès », c’est la liquidation totale ! Le matériel de la brasserie, vendu en vente publique, est racheté par les autres brasseurs de Virton et de la région.

Sortes de Bouteilles :

Il n’ y a pas eu de bouteille pour les différents propriétaires de cette brasserie parce que dès le départ, ils font de la bière seulement pour les cafés. Avant de devenir brasseur, Pierre Ferdinant Fayon est déjà aubergiste et Nicolas Bodson a été le premier tenancier du café de l’Hôtel de ville (devenu le Café du Tribunal). Au moment de la liquidation de la Société coopérative « Le Progrès », 5 des 7 membres du conseil d’administration dont le Président sont des cafetiers de Virton, Saint-Mard, Ethe et Torgny. La vente publique du matériel de cette brasserie comprenait pas moins de 1.300 tonneaux dont inventaire : 350 de 100 litres ; 150 de 70 litres ; 650 de 50 litres et 150 de 30 litres. Il ne faut pas oublier qu’à cette époque, même les familles achetaient de la bière en tonneau pour leur propre consommation alors qu’ici dans cet inventaire, on trouve surtout des grosses contenances. Toutes les factures de la brasserie du « Franklin » sont toujours renseignées en litrages importants donc seulement de la vente de bière en tonneaux.

Bouteille Bodson & Delisse Virton-St-Mard (Les Soutireurs du Grand-Virton)

Cartes postales :

La brasserie du « Franklin » côté rivière où l’on voit ses annexes latérales et arrières droites juste au bord du Ton. Ces 2 cartes postales sont antérieures de quelques années à la fermeture définitive de la brasserie.
La cheminée restera encore fièrement érigée plus d’un 1/3 de siècle après la fermeture définitive
de la brasserie comme si elle avait voulu témoigner du passé brassicole de cet immeuble.

Vue du côté rivière, la Brasserie paraît abandonnée depuis se retentissante faillite.

Changement de propriétaire, changement de facture et
changement de façon de procéder
surtout avec la Coopérative…

On voit qu’on utilise un langage de sociétaire de Coopérative :
(souligné en rouge sur la facture)

-« les tonneaux égarés seront côtés au prix de 10 francs » en 1902(c’est du prix coûtant car en 1896, la brasserie Capon d’Ethe
demandait déjà 18 francs pour le remplacement d’un tonneau).

-« prière aux sociétaires de bien conserver leurs factures pour établir leur compte dans la répartition des bénéfices ».

Autres documents :

Trois ans après la liquidation judiciaire
de la brasserie du « Franklin », les Allemands feront de ce bâtiment leur cinéma en 1914.
Sur des restants de la façade, il subsistait encore quelques lettres de l’ancienne société :
LE PROGRÈS SOCIÉTÉ COOPÉRATIVE

Pour les civils virtonnais, il faudra attendre les années 30 pour qu’ils profitent eux aussi des projections.

« Du 30 mars au 1er avril 1935 »,c’est Ben-Hur qu’on joue dans ces murs.

A cette date, cela fait déjà 24 ans qu’on ne brasse plus en ce lieu.