Escarmelle : ce limonadier était situé rue des Fossés en face du cinéma Patria, à côté de l’ancienne boucherie Thiry. C’est sans doute le plus ancien limonadier indépendant de Virton mais il vendait aussi d’autres boissons.
Sur une photo d’un camion Ed. Liégeois-Escarmelle, on peut lire : « Champagnette Royale et Citron Virton ».

Casier à limonade (Photographié par Christophe Herman)

Roberty : ce limonadier était situé au Faubourg d’Arival (en direction de Saint-Mard, 2ème maison à droite avec escaliers sur les côtés). Il vendait aussi des denrées coloniales.

Madame Fagny, la fille de l’avocat Brey qui habitait juste en face de cette limonaderie, m’avait dit qu’étant petite fille : « elle prêtait l’oreille pour écouter si il n’y avait pas de sifflement indiquant qu’une bille (c’était la bille qui faisait la fermeture de la petite bouteille de soda à l’époque) était en train d’exploser d’une bouteille et cela pour aller vite la récupérer afin de pouvoir aller jouer aux billes par la suite ».

4 bouteilles connues : 3 grandes bouteilles gravées à bouchon à vis dont une des deux vertes, est marquée : « Limonade, Eaux Gazeuses » (la seule sur Virton) et une transparente + 1 petite bouteille transparente à bille

La « cidrerie » Munaut faisait aussi de la limonade gazeuse appelée « La Française ».
(Le fondateur ne cachant pas ses origines)

2 bouteilles connues : 2 grandes bouteilles vertes à bouchon à vis marquées en relief.

A noter que c’est sur une bouteille du limonadier Ramellini-Loy de Ethe que cette étiquette de limonade « La Française » au citron de chez E. Munaut fut collée.

Les brasseries de Virton faisaient aussi de la limonade et de l’eau de table (eau pétillante).

La brasserie Hobschette a été la première brasserie de Virton à produire limonade et eau de table avant fin 1900 et la seule à la proposer en siphon

La brasserie du « Franklin » devient de 1898 à 1911, la Société Coopérative « Le Progrès » où travaillent les deux frères Collignon (Cyprien et Lucien). Cyprien Collignon en sera le directeur.
De son côté, Lucien Collignon deviendra un limonadier indépendant.

2 bouteilles connues : 1 grande bouteille verte gravée à bouchon à vis + 1 petite bouteille transparente à bille

Eau de table : c’est la seule étiquette de la brasserie Renauld qui reprend les couleurs et les armoiries de Virton avec de la dorure en plus !

La brasserie Renauld a été le dernier fabricant virtonnais à produire ses propres limonades à partir de 1948. Il y avait le choix entre orangeade, citronnade, grenadine. On a même produit du cola*.Avant guerre, la brasserie était dépositaire des eaux et limonades de Cristal-Chaudfontaine et revendait même les limonades Roberty. Aucune étiquette à limonade de la brasserie Renauld n’a été conservée ou retrouvée.

3 bouteilles connues : 2 grandes bouteilles transparentes (une marquée et une en relief) avec bouchon mécanique + 1 petite bouteille transparente et gravée à capsule. La capsule était imprimée en couleur bleue parce que destinée à une bouteille de ¼ L avec comme preuve de la taxe, le rond central du Ministère des Finances et sur son pourtour, le nom de la brasserie Renauld.

* A la libération, les campagnes publicitaires font que tout le monde veut boire du Coca-Colaet c’est l’ancienne brasserie Lemaire d’Izel qui obtient la concession pour les cafés et épiceries du Sud-Luxembourg

Yves Claude a retrouvé des étiquettes de limonade de Virton qu’on croyait perdues à jamais chez un collectionneur bruxellois.   www.luxem.beer

Même pour les Limonadiers, il y avait une fédération des fabricants de limonades.

Voici la convocation de 1920 avec son ordre du jour adressée à Eugène Munaut en tant que fabricant de limonades.

Concurrence directe et inattendue ?

La firme Liebig, après son succès au niveau des extraits de viande a voulu aussi s’emparer du marché de la limonade dès le début des années 30 avec Oxade

Liebig proposait aux particuliers via les magasins et aussi directement aux cafetiers, des tablettes de citronnade ou d’orangeade qu’on faisait dissoudre dans un grand verre d’eau. Le succès n’a pas été au rendez-vous.

Comment ces limonadiers faisaient-ils leurs limonades ?

1) Il fallait faire du sirop de sucre mélangé avec des essences de fruits et des parfums.
2) La dose est mise directement dans la bouteille par la soutireuse.
3) La bouteille est remplie par la soutireuse d’eau gazeuse (eau + Co2)

Ça n’a pas l’air difficile mais c’est comme pour tout : il faut les bons ingrédients et le bon dosage pour faire la différence.
Prenons l’exemple du Coca-Cola, tout le monde a essayé d’en faire mais personne n’a vraiment réussi à imiter son goût particulier !

Il faut faire la différence et Eugène Munaut l’a compris rapidement, même s’il est coiffeur de métier. Il faut des essences naturelles et il sait où les trouver.
Grâce au chemin de fer, il les fera venir de l’autre bout de la France, là où on est spécialiste en la matière !

Soutireuse à limonadevers 1935.

Dix ans après le lancement de ses limonades, il produit comme l’ensemble des limonadiers à cette époque, une limonade gazeuse au citron.  Au début, il a essayé l’orangeade mais c’était sans doute trop tôt pour que ça plaise à ses clients et maintenant il propose de la grenadine.

A l’origine, dans les pays méditerranéens, la grenadine
était à base de pulpe de grenade.
Dans nos pays, c’est un sirop de couleur rouge avec 10 % de jus de fruits rouges dont la framboise.
Une boisson sucrée, colorée en rouge et aromatisée
mais sans trace de grenade !

Comme pour les pommes ou maintenant les essences, Eugène Munaut se tourne naturellement vers la France.  Même ici, pour l’achat de matériel et de pièces détachées.

Même 7 ans après avoir créé ses propres limonades, en pleine première guerre, il se renseigne encore auprès de son fournisseur d’acide sur le bon dosage à effectuer.