Voici les noms des différentes générations, emplacements des brasseries à Virton avec les dates de début et de fin d’activité :

début des activités brassicoles de la famille Renauld au Faubourg d’Arival dès 1787.

Edouard Renauld s’associe avec son beau-frère Jean-Baptiste Hobschette pour exploiter l’ancienne brasserie Thomas, rue d’Arlon, en 1877. Il est marié à une Woygnet.
retour au Faubourg et construction d’une nouvelle brasserie à la rue des Hottées dès 1881 (elle sera appelée : « Brasserie de l’Espérance »). Il se retire en 1897.
Achille Renauld jusqu’à 1913. Il est marié à une Herman.
La brasserie ne sera plus exploitée durant 8 ans.
Renauld Frères (Adrien et Maurice) : de 1921 à 1928.
Adrien Renauld continue l’exploitation jusqu’en 1962. Il est marié à une Georges.

La brasserie Adrien Renauld devient le dépôt Henri Renauld

En gras, le début d’un prénom et les noms que l’on retrouvera sur les bouteilles, bouchons, autres publicités et différents documents.

Particularités :

– Quand la brasserie fabriquait son malt, l’orge provenait de Torgny. Il était d’une excellente qualité pour notre région. (l’orge, après avoir subi l’opération de maltage donne le malt).

– En 1889, la brasserie possède un atelier de tonnelier (à l’époque, il n’y avait que des tonneaux en chêne pour vendre la bière).

– Dés 1921, de nouvelles installations font de la brasserie Renauld, l’une des plus modernes et productives de Gaume. La grande cheminée dans la cour arrière de la brasserie date de mi-1922.

– Avant 1940, la brasserie Renauld fabriquait du Bock et de la bière de table pour son dépositaire Hofferman de Bastogne ainsi que pour des brasseries gaumaises : Vériter (Saint-Léger), Buche (Mussy-la-Ville), la brasserie des Hayons (Florenville) ou pour le soutireur Ramellini (Ethe). Cette bière leur était livrée en tonneaux de 60 à 100 litres et ces derniers la remettaient dans leurs propres bouteilles pour la revendre à leurs clientèles.

– Les sortes de bières produites : Stout, Bavière, bière de Mars, Bock, Spécial 3° et bière de ménage. Comme durant la période d’après guerre, il manquait certains ingrédients pour faire de la bonne bière, on a même fabriqué de la Kriek (bière à la cerise) pour camoufler ce qui faisait défaut. Néanmoins, cette bière a eu du succès.

– Dans les années 30 à 40, il y a même eu un service de livraison de glace que la brasserie produisait pour la vente de bière en fûts à ses cafés. Comme cela, la bière soutirée restait à une température constante de 8 à 10 °

Dans les années 30, la brasserie Renauld s’agrandit encore et puis se diversifie…

La brasserie Renauld a connu ses heures de gloire entre 1930 et 1940, où elle tournait à plein régime. On arrivait même à produire plus de 100.000 litres de bière par mois. Elle produisait de la bière de table mais aussi un Bock de 3,5° non seulement pour sa clientèle particulière mais surtout pour d’autres brasseries de Gaume qui avaient arrêté leur production et qui étaient devenues des soutireurs. Tout marchait dans le meilleur des mondes, on agrandissait la brasserie avec de nouvelles annexes latérales (nouvelles caves de garde et on construisait une nouvelle bouteillerie). Adrien Renauld venait d’acheter deux nouveaux camions Chevrolet qui ont été peu de temps après, réquisitionnés par l’armée belge en 1939. La guerre est arrivée, tout a été arrêté et ce fût l’exode en France. De retour, il faudra tout remettre en ordre parce que la brasserie a été détériorée. Fin de la guerre, il faudra se rendre à l’évidence : « tout a changé ». Beaucoup de brasseries locales ont définitivement arrêté et il n’y a plus la même demande qu’avant !

La brasserie Renauld a pourtant depuis la fin de la guerre, diversifié son offre en produisant son eau de table (gazeuse) et ses limonades. Mais elle ne produisait déjà plus de bières fortes (pas plus de 2°), elle en était grossiste.
La brasserie, elle aussi, était devenue un « soutireur » puisqu’elle achetait de la bière aux brasseries de Bruxelles et de Flandre en gros tonneaux en bois de 100 litres et la remettait dans ses propres bouteilles avec les étiquettes mêmes de ces brasseries pour la revendre à sa clientèle. De cette façon, dés 1938, la brasserie Renauld distribuait déjà la Jager pils brassée par la brasserie Roelants de Bruxelles et après 1945, elle le fit aussi pour la bière de la brasserie Haacht.
Déjà avant guerre, elle avait été dépositaire en eaux et limonades. Après la guerre, elle le devint aussi pour la revente de bières trappistes ou d’abbaye (Orval, Chimay, Maredsous) en casiers.

Une brasserie doit être sans cesse modernisée pour être rentable. La dernière modernisation de la brasserie Renauld a été mal faite : la bouteillerie était trop réduite et n’a pas été adaptée à la modernité ; de plus, il n’y avait pas de salle de stock. La brasserie Maire de Meix-devant-Virton réussira sa dernière modernisation, ce qui lui permettra de produire encore jusqu’en 1990 soit 28 années de plus que la brasserie Renauld.
Autres inconvénients pour la brasserie Renauld : elle n’a pas eu de bières réputées comme celles des brasseries Vériter ou de la Soye qui en leur temps, avaient décroché des prix lors d’expositions. Elle n’a pas eu non plus de marques de bières comme la brasserie Maire avec la Luxem, la Gaumaise,… Mais la concurrence n’était plus seulement locale, elle était devenue nationale et transfrontalière avec le Grand-Duché de Luxembourg.

Il n’y a plus de brasserie à Virton !

1962 sonne le coup d’arrêt de la production de bière de la brasserie Renauld.  Pourtant depuis plus de 25 ans, elle était devenue la toute dernière brasserie de Virton à rester en activité.  

A son tour, la brasserie Renauld est arrêtée définitivement et le matériel est revendu.  La partie des anciennes écuries devenue les garages des camions est revendue et transformée en appartements. L’autre partie sera transformée en dépôt de bière et exploité par Henri Renauld.

Sortes de bouteilles :

On en a dénombré 36 différentes dont 33 à bière et 3 à limonade.
Pour les bouteilles à bière, 28 bouteilles de 75 cl et 5 bouteilles de 33 cl (pour les 33 cl : 3 sont à bouchon mécanique et 2 à capsule). Il y en a en tout : 11 en relief et 25 gravées (sablées).

Au début de ma collection, n’ayant pas encore de bouteille, il a bien fallu que je dessine
les différentes sortes de marquages que je trouvais chez les collectionneurs pour m’y retrouver.

La plus ancienne bouteille est la Renauld-Herman (1897-1913) car pour la génération précédente : Renauld-Woygnet (1877-1897), il n’y avait pas encore de bouteille avec marquage (seul le bouchon en porcelaine se trouvant sur la bouteille était imprimé au nom du Brasseur).

Les bouteilles Renauld Frères, d’abord avec « brasseurs » au pluriel puisque ce sont 2 frères : Adrien et Maurice. Mais comme il n’y a qu’Adrien qui est « ingénieur brasseur », on corrige sur la bouteille suivante avec « brasseur » au singulier

Les bouteilles Adrien Renauld en 1930 dont une avec ARV (Adrien Renauld Virton) gravée en première ligne sur 4.

Les Renauld-Georges dès 1932.

Les RGV (Renauld-Georges Virton), bouteilles brunes d’avant-guerre (1940-44).

Les bouteilles gravées aux marquages hétéroclites produites durant la guerre.

La série de bouteilles ci-dessous : pour le marquage, je les ai éclaircies au maximum comme si je les avais passées aux rayons X. Sinon il y a un autre truc : il faut mettre de la craie sur les lettres gravées pour que ça ressorte mieux !

Les bouteilles gravées d’après-guerre.

Les dernières bouteilles d’avant la fermeture de la brasserie :

A gauche, la dernière sorte
de bouteille Renauld-Georges
à avoir été commandée.
Les bouteilles Renauld-Georges
précédentes avaient comme millésime 1932
avec deux gravées et 1935 avec une en relief.
Il y en a aussi
une, ornementée
d’une rose des sables mais
sans date.

A noter que si cette bouteille n’est peut-être pas la plus belle ou la plus originale, c’est une bouteille brune (comme la série des RGV d’avant-guerre). Ces bouteilles brunes protégeaient mieux la bière des rayons ultraviolets du soleil.
Tout le marquage était sur une seule ligne : B rie Renauld et Virton dont on voit l’envers en arrière plan.
Donc cette bouteille de droite, c’est le tout dernier modèle des 36 sortes différentes à avoir été commandé et c’est le seul modèle de bouteille que mon père avait conservé.  J’ai donc commencé ma collection des différentes bouteilles avec seulement celle-là au départ. Sur les 36 modèles, j’ai réussi à en avoir 34. Ce sont deux sortes de bouteilles à limonade (dont une était le même modèle que cette bouteille brune mais avec un verre transparent) que je n’ai pas réussi à obtenir car elles avaient toutes été envoyées à la casse.

Les petites bouteilles : Ici, sur cette même photo, j’ai voulu rassembler toutes les petites bouteilles à bière.
Elles sont plus rares de par leur production à l’époque et puis moins encombrantes pour les exposer en vitrine

Casiers :

C’est le dernier casier de la brasserie, encore avec son verni orange d’origine fabriqué en 1954 par la Manufacture Gaumaise du Bois à Frenois (Jamoigne). C’est aussi de cette fabrique que proviennent les casiers en bois d’Orval tant recherchés par les amateurs.

Tonneau :

Il est fort ancien et date de la génération Renauld-Herman (1897-1913)
voire Renauld-Woygnet (1877-1897).
Ce n’est pas un des derniers tonneaux
en chêne de brasseries qui étaient
« à pression » et donc plus épais.

Pour en savoir plus sur le dernier Tonneau à bière des Brasseries de Virton,
tapez : www.luxem.beer/files/2020/Avril/virton-1912-2.pdf  puis cliquer sur le N° de page 113

Bouchons en porcelaine* avec le nom : 12 marquages différents imprimés en noir au tout début puis en rouge par la suite. Une seule exception : un marquage en bleu (RGV). 2 avec la mention « brasserie » et 5 avec « brasseur(s) »

*voir le catalogue édité par l’ASBL du Musée brassicole des deux Luxembourg. http://www.luxem.beer/fr/1/actualites/-à noter qu’il n’y a pas eu de modèle de capsule à bière ou à limonade de conservé

Etiquettes :

C’est Jacques Trifin, le plus grand collectionneur d’étiquettes de bières belges qui possède le plus grand nombre d’étiquettes de bières différentes de la brasserie Renauld. Certaines sont neuves, il les a eues à la source, directement chez l’imprimeur qui gardait un exemplaire de chaque sorte. Mais il lui en manque comme les étiquettes de Stout, de Bavière,..

Ce qui est intéressant avec cette étiquette « Spéciale 3 »,à part les chiffres et lettres qui ont été imprimés sur les côtés, c’est que tout le reste a été dessiné à la main. C’est certainement une des dernières étiquettes naïves
de brasserie à avoir été imprimée

Il y a eu aussi une capsule
« Spéciale 3 » dont aucun exemplaire
n’a été conservé.
Elle reprenait la couleur
et le marquage de l’étiquette.

Sous-verres:

Verre, Chope :

Un verre marqué en blanc et ornementé de fleurs de houblon (vers 1930).
Une chope qui n’a pas attendu la province de Luxembourg pour avoir une ardeur d’avance !
(vers 1935, en pleine période des Chasseurs Ardennais).

Autres publicités :

Publicité intérieure* pour café de 1M,07 sur 61 cm. C’est la plus ancienne des publicités murales de la brasserie.
-date des années 20.-numérotée avec timbre fiscal (à l’arrière).
en lettrage doré (peinture cuivrée) sur fond vert
sur du verre marqué en relief : « BIÈRES RENAULD ».
-cadre en bois bicolore avec 2 attaches à l’arrière.

Publicité intérieure pour café de 42 sur 32 cm.
-date des années 30.
en lettrage doré (peinture cuivrée) sur fond noir
sur du verre marqué en relief :  » BIÈRES RENAULD ».
à mi-hauteur, les armoiries de la ville coiffées d’une couronne incrustée de rubis et d’émeraudes
et le nom de Virton repris de chaque côté.
-chaînette et timbre fiscal à l’arrière.

* Cette Publicité fut offerte au Musée brassicole des deux Luxembourg afin qu’il la restaure et qu’il l’expose dans leur futur Musée. Voici le résultat, refaite à neuf avec des feuilles d’or ! www.Luxem.beer

C’est à l’envers que l’on voit le mieux le creusement des lettres et des armoiries pour donner du relief à cette publicité !

Ancienne publicité dans un journal de l’époque :

Photos:

L’avant de la brasserie Renauld depuis la rue des Hottées *

Voici l’entrée de la rue des Hottées où par cette étroite ouverture, on aperçoit la brasserie Renauld avec ses refroidisseurs sur le toit (flèche)

Photo prise depuis la maison voisine
pour avoir du recul car la rue est très étroite.
On y voit Henri qui fait l’inventaire des casiers.

La partie des anciennes écuries a été transformée en garages.
Raoul et son camion sont prêts pour faire la tournée de la clientèle.

Vue prise de l’autre extrémité de la rue, où l’on voit la largeur des bâtiments avec la grande cheminée qui monte jusqu’au ciel.

* Une rue sans issue (pour les voitures), parallèle
au Faubourg d’Arival. L’étymologie du nom de la rue vient du fait que les habitants du Virton « fortifié » passaient par cette rue pour vider leurs détritus
avec de grandes hottes. Sur cette photo de 1867, on voit que les maisons de la rue
des Hottées, côté Faubourg (flèche rouge) sont déjà construites (souvent c’étaient des annexes de maisons ou de commerces
du Faubourg). Par contre, de l’autre côté, on remarque
une sacrée dénivelée (rectangle rouge)à l’emplacement des 2 futures brasseries : Renauld et Hobschette

L’arrière de la brasserie Renauld depuis le panorama de la rue du Bosquet :

Photo d’avant 1900 de la nouvelle grande brasserie Renauld construite dès 1881 en rue des Hottées (pourtour en rouge).

Carte postale de 1932 où se trouve la grande cheminée construite dès mi-1922. Adrien Renauld gardera l’ancienne salle de brassage de son père Achille pour s’en servir comme salle de chaudière.
Au niveau de l’extension latérale (flèche rouge), elle n’est pas terminée. Elle commence au trait vertical de droite et se poursuivra jusqu’au pied de la grande cheminée avec la construction de la nouvelle bouteillerie. Celle-ci ne sera jamais utilisée et sera convertie en appartement.

Les camions de livraison:

Ancien camion « Renault » acheté au concessionnaire Renault qui vient de s’installer à l’emplacement de la brasserie Lesquoy qui vient juste de fermer. Camion chargé pour une tournée en 1928.

Camion Volvo provenant du garage Mulleman de Saint-Mard.

Camion Chevrolet provenant du garage Emille Lonniaux de Virton.