La fabrique de chicorée Capon a été fondée en 1859 à Ethe. Elle était située rue des fusillés près de la rivière du Ton pour l’utilisation de la force hydraulique en plus de celle de la vapeur. Cette fabrique était constituée d’un ensemble de bâtiments. C’était comme pour les brasseries ou fabriques d’antan, en plus de la fabrique à proprement parler avec ses annexes et ses réserves, il y avait aussi les écuries pour les chevaux qui conduisaient les chariots de livraison et pour les réserves de foin. Sans oublier que les propriétaires logeaient sur place donc la maison familiale faisait partie de l’ensemble.

On y fabriquait différentes sortes de chicorée car c’était une boisson économique qui devint à la mode en ce temps-là.
On produisait aussi du chocolat m’a-t-on dit.
Pour sa chicorée, la Maison Capon-Fidry avait réussi à obtenir différents prix d’excellence à des expositions :
d’abord à Londres en 1873 puis à Bruxelles en 1880.

Leurs produits avaient tellement bonne réputation que la demande avait vite fait de passer la frontière. Elle était devenue si importante en France que pour réduire les frais de douane si conséquents à l’époque, on décida de construire en 1877 une autre usine juste à quelques kilomètres de l’autre côté de la frontière à Ecouviez (Montmédy). Rien que pour l’empaquetage, 15 ouvrières y travaillaient. Les racines de chicorée provenaient principalement des provinces du Hainaut et de Flandre.
L’arrivée du chemin de fer va favoriser et intensifier la production car il en améliore l’acheminement. Début du XX ème siècle, alors que c’est le fils, Lucien Capon qui est à la tête de l’entreprise, les deux fabriques seront agrandies, surtout du côté français, pour répondre à la forte demande.

Les publicités de l’époque ne manquent pas d’éloges : le nom d’Ecouviez imprimé notamment sur les boîtes de chicorée « la Montmédienne » est connu à travers toute la France grâce à la provenance de la fabrication clairement indiquée sur les emballages du produit. Divers objets de l’époque arborent le nom de «Chicorée Capon» et c’est ainsi qu’on retrouve le lettrage de la marque sur des plaques émaillées, des moulins à café ménagers, des calendriers etc…donc déjà un sacré marketing pour l’époque !

L’usine française tourne à plein régime mais survient en 1914, la première guerre mondiale avec son lot de misères et de réquisitions. Cette année 1914 va sonner la fin de la production et la fermeture définitive de la fabrique de chicorée française. A Ethe, tout a basculé dans l’horreur avec les tueries de civils et les incendies allumés par les Allemands qui ont décidé de brûler toute une partie du village. La fabrique historique de chicorée Capon sera totalement détruite et ne renaîtra jamais de ses cendres.

Frédéric Renauld

*Cette boisson est obtenue à partir de la chicorée à café. L’utilisation de la chicorée comme substitut du café est apparue d’abord aux Pays-Bas vers la fin du XVIIe siècle, puis s’est répandue dans le Nord de l’Europe : Angleterre, Prusse, Belgique, France. Elle a connu son véritable essor, particulièrement en France, mais aussi en Belgique et en Allemagne, au moment du blocus continental de 1806 qui a provoqué une pénurie de café. La torréfaction de la racine permit alors d’obtenir une boisson jugée meilleure que la décoction de racine séchée jusque-là en usage. La chicorée à café est utilisée comme économiseur de café en l’ajoutant à la poudre de café non soluble. Elle peut être également consommée seule par les personnes qui apprécient son goût, intermédiaire entre celui du café au lait et celui du caramel.

Cartes postales & Photo

Jusqu’à la tragédie de 1914, venant de Bleid, à l’entrée d’Ethe, on pouvait remarquer cet étrange bâtiment à deux tours, comme un château moyenâgeux ou une prison :c’étaient les écuries de la fabrique de chicorée Capon.

…alors qu’à ce moment-là, cette belle propriété n’est déjà plus qu’un tas de ruines puisque son régiment l’a incendiée !

L’arrière de la fabrique de Chicorée, coté Ton.

Ce sont les parents Capon qui posent devant les bâtimentsde la fabrique de chicorée pour immortaliser ce moment par cette carte. Ne laissant que ces deux personnages intacts, c’est un Allemand qui l’écrira recto verso pour donner des nouvelles à sa Reich Patrie…

L’autre fabrique qui se trouvait en France à la frontière, à Ecouviez près de Montmédy.

Objets publicitaires :

Une plaque émaillée ; un moulin à café ménager ; une boite de chicorée « la Montmédienne ».

A virton, à la boulangerie Bitaine de la Grand’ Rue
si on ne vendait pas la chicorée Capon mais la Chicoré Raphaelle, on vendait bien le chocolat Capon.

Anciennes publicités murales :

 :

Affiches :

Factures :