*Un soutireur achetait sa bière en gros tonneaux à un brasseur et la remettait dans des bouteilles à son nom pour la vendre à sa clientèle. Un dépositaire achète aussi la bière à différentes brasseries en fûts pour sa clientèle de cafés et en casiers pour ses clients particuliers et cafés mais il ne soutire pas de bière. Un brasseur, bien sûr, produit lui-même sa propre bière mais il peut aussi être soutireur pour des bières spéciales qu’il ne produit pas et être aussi dépositaire pour d’autres sortes et marques de bières suivant la demande de ses clients.

Bodson & Delisse Virton-ST-Mard
Tous les collectionneurs étiquettent cette bouteille : brasserie du « Franklin »,époque Bodson frères (Nicolas et Henri) de 1882 à 1898, mais je ne suis pas d’accord pour 4 raisons :
1) on n’y mentionne pas Bodson frères mais Bodson & Delisse.
2) pourquoi y indiquer St-Mard alors que la brasserie est au centre de Virton.
3) cette bouteille est beaucoup trop fine pour l’époque de 1882 à 1898.
4) et puis sur une autre bouteille : Dellacherie & Delisse Virton, il y a toujours le nom de Delisse qui revient mais avec un autre associé et on ne parle plus de St-Mard ?

Bouteille Bodson (Brasserie du « Franklin »)

D’après un expert, cette bouteille gravée serait des années 1910 à 1930.

Après maintes recherches, cette bouteille serait celle d’un soutireur virtonnais des années 20 : Bodson, (Emile ?) qui aurait été associé avec un Delisse (certainement de la 2ème génération à être soutireur).

Côté Bodson – Virton, côté Delisse – St-Mard.Le seul bouchon marqué St-Mard en plus de Virton.

Très belle bouteille en relief comme pour un vrai brasseur !

Dellacherie & Delisse Virton

D’après un expert, ce type de bouteille en relief a été utilisé durant la période 1890 à 1920.

A cette époque, la brasserie du « Franklin » est arrêtée depuis 1911 et la brasserie Renauld ne sera plus exploitée entre 1913 et 1921.

Certains rêvent d’avoir une brasserie à leur nom mais tout le monde n’en pas les moyens. C’est peut-être à ce moment qu’il y aura le plus grand nombre de soutireurs sur Virton. La plupart des soutireurs étaient d’abord des cafetiers qui devaient être fournis en tonneaux de grande contenance, sans doute par des brasseries extérieures à leur ville. On leur proposait de mettre cette bière dans des bouteilles à leur nom puisque ces cafetiers étaient bien connus dans leur ville. Ces petits ateliers de soutirage étaient souvent installés derrière leur bistrot dans une petite remise. Ces cafetiers pouvaient directement revendre de la bière en bouteille à leur clientèle (bière de table pour toute la famille) et faire une tournée dans les rues environnantes. Il faut dire qu’à cette époque, une charrette à chien faisait office de camionnette. Eugène Munaut (de la cidrerie) a commencé comme ça au début, ses tournées virtonnaises.

Mais revenons à l’origine de cette bouteille. Le café de la Station près de la gare de Virton-Ville est exploité par la famille Delisse et je pense qu’un Emile Dellacherie va s’associer avec ce cafetier pour vendre de la bière. Ces noms sont sur la bouteille et ils ne sont pas courants à Virton, les années concordent et il n’y a plus que deux brasseries en activité sur Virton.

Quand mon grand-père, Adrien Renauld, redémarra la brasserie début des années 20, on retrouvera un certain Emile Dellacherie sur la liste du personnel et le café de la Station, après un changement de propriétaire, deviendra un des bons cafés de la brasserie Renauld au niveau des ventes de bière. Il y a trop de similitudes pour que cette hypothèse ne soit pas véridique !

Victor Ambroise Virton : un autre exemple de soutireur de ces années-là. Il y avait aussi un café Ambroise début 1900. Est-ce là qu’on soutirait ou est-ce seulement une parenté ? Il aurait été soutireur des bières François de Halanzy

G.Noël Virton : il y avait aussi un cafetier du nom de Noël, rue d’Houdrigny à Virton

Même un petit village pouvait avoir un soutireur !

Cabbia Antonio Grandcourt :
Grandcourt (près de Ruette, Grand-Virton) est marqué sans le « d » sur la bouteille (Grancourt)mais sur un bouchon en porcelaine, il est imprimé avec « de » au milieu du nom (Grandecourt).Grandecourt est situé en France mais ici la bouteille est de type belge et le fabricant de bouchon aussi.

Donc cet exemple montre qu’on n’était pas à une ou deux lettres près à l’époque et pourtant avec cette erreur, on change de pays !

Difficile d’en savoir plus sur ces soutireurs car ils ne faisaient pas de publicité et ils n’avaient pas de facture type. Laborieux de les localiser s’ils n’étaient pas eux-mêmes cafetiers. On ne sait même pas d’où provenait la bière vendue dans leurs bouteilles ?

(sauf pour Victor Ambroise de Virton ainsi que pour Joseph Gavroy et Ramellini d’Ethe).

*Soutireur : c’est une activité qui a complètement disparu comme c’est d’ailleurs le cas pour les petites brasseries familiales trop locales et qui ne possédaient pas de bière connue (marque) et réputée (primée). Maintenant, certains grands dépôts de bière ont leur bière à façon. Ils ne doivent plus soutirer car c’est de la brasserie qui fabrique la bière, qu’ils la reçoivent directement dans leurs propres bouteilles et casiers.

1.bonbonne de CO² sur support.
2.saturateur qui met l’acide dans la bière avec le dosage demandé
3.filtrage (qui dans beaucoup de cas, ne devait pas faire partie de l’installation).
4.soutireur fixe.